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Transcription | —6— cristal est enchassé dans le fronton au-dessus du foyer et semble concentrer toute la lumiere de la piece assombrie par les tentures et la couleur foncée du vieux chéne. Sur deux tablettes symétriques, un peu plus haut qu’a mi-corps, reposent deux figures en bois sculpté : l’une, celle de gauche, represents l’Apétre saint Paul, appuyé d’une main sur le pommeau d’un glaive et de l’autre tenant un livre. Le socle porte cette inscription : In litro (clans le livre.) L’autre statue représente un moino, saint Frangoz's d’Assz'se, la téte levée et les mains prétes a se joindre, avec ces mots : Ad coelum (vers le ciel.) Sur deux volutes, on peut lire ces noms véne’rés du poéte : Ici, Job, lsai'e, Home‘re, Eschyle, Lucréce, Dante, Shakespeare ,- lh, Christ, Moi'se, Socrate, Colam/z, Luther, Moliére, Was/zinglon. Les boiseries, artistement fouillées, regnent du parquet an plafond, oil leurs derniéres ciselures vont se perdre clans une autre belle tapis- serie aux tons calmes. Je m’arrétc : voici venir 1e maitre; il entre, et me présentant ses deux mains, il me souhaite la bienvenue. Mon émotion fut grande, quoiquc je ne lui fusse pas absolument un inconnu, puisque, par l’entremise de M. de Kesler, nous avions fait récemment un échange de livres. Il s’agissait du Dz‘clz‘onnaz‘re de du Cange, en quatre volumes, folio, que désirait ardemment Victor Hugo, et de la Légende des Sie‘cles qu’il m’ofl‘rait en échange. Apres m’avoir remercié de lui avoir été agréable, il me ques- tionna avec bienveillance sur ma bibliothéque, dont il avait tant entendu parler, etfit s cc propos l’éloge des livres et des autogra- phes d’estime et de reconnaissance qu’un public hospitalier ct meme étrauger m’avait courtoisement otferts, ajoutant que lui, Hugo, serait heureux et honoré de posséder une telle bibliotheque et unique en son genre... Cela fut dit avec une eloquence dont je ne puis dormer «une idée, quoique cette eloquence ffit simple et cordiale. Cela soul pourrait donner un démenti formel a ceux qui ont prétendu que Victor Hugo apportait aux entretiens familiers une solennité génante. Tout au contraire, on arrivaitplus ou moins impressionné ehez lui, et dés qu’on avait oausé quelques minutes avec le maitre du logis, on était agréablement étonné de se sentir rassuré et plei- nement s l’aise : c’est que, s’il avait en lui la majesté du génie, il avait aussi le génie de la honté et de la simplicité; je dirai méme, d’aprés des milliers de visiteurs que j’ai connus, que telle était l’im- pression dominante, entre toutes, qu’on emportait d’une visite au maitre. Du reste, cette bonté, cette candeur se manifestaient dans 1...- _7_... son accueil, dans son attitude, dans ses moindres paroles et Jusdue _ dans le son de sa voix, voix a la fois sonore et douce, plexne d m- flexions courtoises et de cadences oil le poete chantaxt encore... Victor Hugo avait a cette époque 60 ans, et ll les portaitfwee une telle verdeur qu’un physionomiste habxle ne lui aurai pas donné cet age. La burbe, presque touteblanche, qui encadraltésor: visage, donnaita sa physionomie un air de grandeuxf: czrac 3:5 tique. Elle en faisait ressortir la noblesse et la. pro on eutr;i 1a cheveux aussi étaient blancs; seule, par un capricieux efl‘e (:1 nature, sa moustache était restée noire. Sa m1se étalt toolkours 8: plus simples; en voyant ses vetements, on 'sentalt com. 18!; p; l’extérieur lui importait; néanmoins, en deplt de cette Slmp 121, , personne no m’a jamais donné comme lui l’ldée nette et réelle an I'. grillidnslilixlt] oil cette premiére entrevue touchait ‘a sa fin, nous vimes entrer la belle—soeur du poete, Mum-Cheney, qux, depuisda mort de sa soeur, M“m Victor Hugo, avait pm on mam les renes tIn gouvernement domestique a Hauteville—House. Plemement inves 1.: de la confiance du maitre, non seulement Mu.“ Cheney administfiai sa maison , mais encore elle avait la direction. pratique. Ies oeuvres dc charité que faisait son beau-frere et dont Je parleralhp us eloisir. En attendant, qu’il me soit permxs‘ de rendre 101 un 5):; mage sincere a la meilleure dos fcmmes... a celle qul fut Ingn “a quinze années la providence des pauvres (1.0. Guernesey e1 :ncnt bonté, le dévouement et l’intelligenic;1 I:mtmté ne se ra en 1r ' ' ns l’accom lissement de sa e. . £13222: :ntretien finIl, le maitre me présenta a sa ‘b'ellc-soeur .QUI, avec la meilleure grace du monde, m’mvxtaa vxs1ter1a mafion. Comme on pent 1e croire, j’acceptai avec empresisementl. .011: , commengames parla salle a manger, ' que Je décrirai gour ales; Ie portrait dans son cadre, lorsqn’ll sera question ”I: prltze’renla déjeuner que j’eus l’honneur de faire a la table (In ma] re. “a, nous montames au premier étage par un escalier. sur la clage can- rampe duquel se drapentde magnifiques tapisseues quea or; sans contre a chaque pas dans Hauieville-House, et nous entr me t Je 1e Salon Rouge. Ce salon rouge est un‘véritable enchantfmer: .mes n’allai pas jusqu’aux exclamations, mats elles expireren,‘é :11: -m_- levres et it me fallut quelques secondes pour revenir de 1 ton: res ment que me causaient ces richesses accumulées... Des en a |