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ARSENE-GARNIER-HUGO-VIE-PRIVEE_Page_02.jpg

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' Wrfid‘ifiipqttance at is. haute signification (les details: dans la vie ‘
“it"hnvgrand'homme, j’aurais agi bien difflemment. Mais pouv‘ais- "
, ‘jerprévoinPhanorabliedeniaude‘que vous me fites H y a des mots?
Nun,.assurémentl Aussi dois-je implorer votre bienveillanle indul-
gence-en vous avouant que n’ayant presque rien noté, ni écrit ,des
paroles et des actes de cet homme illustre, je me suis 1711 dans la
nécessité de faire appel ades amis, qui, comme moi, out eula
bunne fortune de l’approcher; ainsi lcur mémoire, suppléant aux
défaillauces et aux incertitudes de la mienne, m’a permis, en réu-
nissant leurs souvenirs aux miens, d’étre plus complet.
Tels seront les éléments de cette petite étude, sur la vie privée
de Victor Hugo et de son chez lui a Guerncsey.
Personae aujourd’hui n’ignore par quel concours d’érénements
politiques Victor Hugo, membre de l’Académie francaise, pair de
France, représentant du pcuple en 1851, etc., etc., fut compris
dans la proscription qui, cette-année-la, chassa de leur patrie plus
d’un millier de citoyens.
0n sait également que le plus grand d’entrc eux vint, avec sa
famill echercher un refuge a Jersey, on i] habita, jnsqu’en 1855,
unelil neon connue sous le nom de Marine-Terrace; mais ce que
tone ne savent pas, c’est la raison pour laquelle les proscrits fran—
cais durent bientct quitter Jersey, et ce qui force le Poete a se '
réfugier dans l’ile Soeur.
En l’année 4853, Charles et Francois-Victor, ses deux fils, funde-
rent a Saint-Hélier une feuille politique et littéraire, intitulée
I’Homme. Cette feuille, ou plutét ce journal, qui parut 1e 30 novembre
.de la méme année,fut rédigée par les fondateurs, auxquels s’adjoi—
gnirent quelques compagnons d’exil lettrés et connus dansla presse
frangaise. (Permettez-moi de faire remarquer que je possede toute
la collection de ce curieux journal, qui s’éteignit a Londres, le
23. aofit 4856, et de déclarer, en toute impartialité, que cette publi-
cation contient des articles vraiment remarquables). Malheureuse-
ment, l’un des rédacteurs, ce fut, je crois, Ribeyrolles, mort depuis
en Amérique, ayant appris que la reine d’Angleterre venait
de conférer an maréchal Canrobert la dignité de Chevalier de
l’ordre du Bain, vit dans ce fait 1a matiere d’un article malicieux et
frondeur. ll ne se refusa pas la joie de l’écrire et ne craignit point
d’imprimer que, malgré sa réserve bien connue, la reine Victoria
avait mis Cam'obert au Bain. Cette plaisanterie, plus gauloise que
5:7;
4. 3‘..—
méchante‘, révolutionnaJersey : c’estnajdire‘ que le motdeiliiybey-
rolles futaccueilli d’al’rd‘ execs-stupeur, puis avec eolére. Des
meetings indignés furent organises sur tous les points do J’ile; on y
déclaraque la reine avait été outragée, on y adj ura les Etata, c’est-
a-dire 1e Parlement local, d’intervenir ct de sévir. On écrivit en
Angleterre pour protester en masse contre l’insulte et l’insulteur.
Peu s’en fallut que la milice et la garnison 'ne prissent les armes.
Bref, l’émotion fut a son comble, ct, de cette tempéte dans un verre
d’eau, il résulta que tous les proscrits, sans exception, dfirent, par
ordonnance des E tats, quitter le territoire jersiais dans les quarante-
huit heures. Ce coup d’Etat dc Jersey eut lieu du 24 octobre au
2 novembrc 1855.
Ce fut alors que le grand proscrit vint s’étulilir a Guernesey. Les
premiers jours, sa famille logea, tant bien que ma], dans quclque
hotel de Saint-Pierre-Port. Peu de temps aprés, 1e po‘ete acheta
Hautevillesllouse, grande et spacieuse maison, d’aspect severe, qui
devait étre son asile habituel pendant quinze ans. Les premiers
t‘ aménagements terminés, chacun des siens se mit an travail. C’est a
Hauteville—House que la noble compagne du grand homme écrivit
Victor Hugo raconte’ par un témoin de sa vie. (Test is que Ch es, son
fils ainé, compose La Chaise de Paz'lle et Une Famille tragique,
que Francois-Victor fit sa belle traduction de Shakespeare, c’est de
la enfin que sont datés Les Miserables, William Shakespeare, Les
Travailleurs de la Mer, L’Homme qui rit et ea Thédtre en liberté qui
ne parnt qu’aprés la mort du maitre.
Peut—étre seraitsil bon, avant d‘entrer dans la maison du poete, de
faire remarquer une erreur assez répandue sur le continent : c’est
celle qui consiste a fairc dc Guerncsey un lieu solitaire, une sorte
d’écueil sur lequel s’élcve nne seule maison, celle de Victor Hugo.
Cela tient au prestige du poete I Quelques années seulement
apres son entrée en exil, l’éloigncment l’avait encore grandi
dans la pensée des peuples. La légende commencait déja pour
lui, ct l’imagination le voyait volontiers tel que l’artiste représente
les grands hommes, dramatisant, poétisant a son insu les cir-
cumstances de leur vie et jusqu’aux paysages oil i1 nous les montre;
tel est le privilege supreme dn genie d'entrer ainsi vivant dans
l’immortalité l...
A dire vrai, Guernesey, sans étre tree étendu, ne compte pas
moins de 35,000 habitants, peuplant deux villes et leurs alontours

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